Bienvenue sur IA-Pulse Weekend. Cette édition porte le numéro 84. En vous abonnant, vous recevez tous les samedis matin, l’essentiel de ce qu’il s’est passé cette semaine autour de l’IA : un coup de gueule édito, une sélection de 3 actualités avec pour chacune un résumé rapide à lire, plus 1 article de fond pour ouvrir l’esprit et réfléchir et 1 podcast à écouter. Gérez votre abonnement.
⏱️Temps de lecture de cette newsletter par une unité carbone : 9 mins
OpenAI s’est installée à Paris. Accueillie par un tweet du Président de la République, et par la secrétaire d'État chargée de l'Intelligence artificielle et du Numérique, auprès du ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, lors de la soirée d’inauguration de ses petits bureaux parisiens, l’entreprise qui a “changé la façon dont le monde regarde et utilise les modèles de langage” s’est officiellement installée en France. Pour certains, cela montre que nous comptons encore. Pour d’autres, que nous sommes déjà dévorés.
Mais du côté de ses bureaux californiens, c’est peut-être un peu moins la fête - quoique… OpenAI et les autres se rendent compte qu’ils arrivent peut-être à un palier dans les performances des modèles, et que les prochains modèles ne vont peut-être pas être ce qu’on nous promet depuis des mois. Tout ça n’empêche pas de voir de nouveaux usages arriver, comme dans le domaine des jeux vidéo, où une équipe a créé un jeu, nommé Oasis, dont les images sont générées à la volée. Chaque joueur a alors une expérience de jeu différente des autres joueurs. Et pour terminer ce tour d’actu, on revient sur les conséquences de l’arrivée de l’IA générative sur le marché du travail, en particulier pour les contrats courts et les freelances.
Cette semaine la partie de cette newsletter gérée par l’IA, les 3 clusters d’articles, a été générée par GPT-4 pour les résumés des articles sources, et Claude-3.5-Sonnet pour la génération du cluster et de son titre. Comme d’habitude j’ai fait quelques modifications, mais j’ai aussi laissé quelques tournures typiques des modèles de langage. Et bien entendu, mes commentaires éventuels sont en italique dans ces résumés. Le texte de “l’article qui fait réfléchir” est issu d’un ping-pong entre Claude-3.5-Sonnet et o1-preview.
L’image d’illustration ci-dessous est générée par Midjourney.
📰 Les 3 infos de la semaine
🤫OpenAI (et les autres) fait (font) face au ralentissement des progrès de l'IA
Le développement des grands modèles de langage connaît un ralentissement - relatif. OpenAI, leader du secteur, observe que son nouveau modèle Orion, encore en développement, ne semble pas apporter pas les améliorations espérées par rapport à GPT-4. Si les performances d'Orion dépassent celles des versions précédentes, la progression est moins significative que celle observée entre GPT-3 et GPT-4.
Cette situation remet en question un principe - une croyance, plutôt, à laquelle plus personne ne croit vraiment depuis un moment - du domaine : l'idée que les modèles de langage continuent de s'améliorer proportionnellement à l'augmentation des données d'apprentissage et de la puissance de calcul. Les chercheurs d'OpenAI notent aussi que les sources de données de qualité s'épuisent, et que l'utilisation de données générées par l'IA elle-même peut créer des modèles trop similaires à leurs prédécesseurs.
Face à ces défis, l'industrie développe de nouvelles approches. OpenAI a créé une équipe dédiée, dirigée par Nick Ryder, pour explorer des solutions alternatives. L'entreprise mise notamment sur le modèle o1, qui privilégie un temps de "réflexion" plus long avant de produire une réponse. Cette technique permet d'améliorer la qualité des réponses en utilisant plus de ressources de calcul pendant l'utilisation du modèle.
De son coté Yann LeCun, VP & Chief AI Scientist chez Meta, souligne que ce plateau de performance touche particulièrement les domaines dits "à longue traîne", comme les modèles conversationnels ou la conduite autonome, qui comportent une infinité de cas particuliers et d'exceptions. Sans capacité à "inventer" des solutions par raisonnement, les systèmes d'IA resteront limités dans leur progression.
Pourquoi est-ce important ? Ce ralentissement des progrès de l'IA force l'industrie à repenser ses méthodes de développement, ouvrant potentiellement la voie à des innovations méthodologiques majeures plutôt qu'à une simple course à la puissance.
Sources : The Information, Reuters, Yann LeCun (LinkedIn)
😮💨Oasis : premier jeu vidéo entièrement généré par l'IA
Oasis marque une première dans l'histoire du jeu vidéo - enfin une seconde, rappelez-vous Doom il y a quelques mois - : chaque image du jeu est générée en temps réel par une intelligence artificielle. Développé par la startup israélienne Decart en collaboration avec Etched, ce clone de Minecraft utilise un modèle d'IA basé sur un réseau neuronal de type Transformer - similaire à ceux utilisés pour construire des LLM - pour créer chaque nouvelle image en réponse aux actions du joueur.
L'expérience de jeu dans Oasis se révèle particulièrement singulière - étrange. Le monde du jeu n'est jamais totalement stable, évoluant et se transformant constamment. Les joueurs peuvent observer des anomalies - des hallucinations - comme du bétail difforme ou des escaliers qui ne mènent nulle part. Cette instabilité crée un environnement en perpétuelle mutation : regarder attentivement une texture peut entraîner la transformation complète du paysage environnant - si ça vous rappelle les années 70 et certaines substances, c’est normal.
Le jeu permet également aux joueurs d'uploader leurs propres images, que l'IA transforme en paysages cubiques. La communauté des joueurs explore les limites du système, découvrant par exemple des moyens de se téléporter vers des paysages lunaires sombres. Cette expérimentation collective contribue actuellement à la popularité virale du jeu.
Mais des experts du secteur - des rabat-joie , comme Julian Togelius de l'Université de New York, soulignent que cette approche basée sur l'IA est encore trop imprévisible pour les jeux traditionnels. Frank Lantz, directeur du département de game design à la même université, suggère qu'Oasis se trouve dans une "Vallée de l'étrange" qui limite son potentiel ludique, tout en reconnaissant qu'un jeune créateur pourrait transformer ces contraintes en atouts.
Pourquoi est-ce important ? Oasis démontre comment l'IA peut créer de nouvelles formes d'expériences interactives, ouvrant la voie à une évolution profonde dans la conception des jeux vidéo et des expériences numériques en général - voire de nouvelles expériences psychédéliques pour nous autres les humains, avides que nous sommes de déconnecter du monde réel.
Source : Wired
🥸 Le marché du travail à l'épreuve de l'IA générative
Une étude portant sur plus d'un million d'offres d'emploi en ligne révèle l'impact de l'IA générative sur le marché du travail en particulier pour les contrats courts et les freelances. Depuis la sortie de ChatGPT - putain, deux ans - les offres d'emploi dans les domaines automatisables ont chuté de 21% par rapport aux tâches qui ne le sont pas. Les travaux de rédaction sont particulièrement touchés avec une baisse de 30 %, suivie par le développement logiciel (20 %) et l'ingénierie (10 %).
Les outils de génération d'images ont également affecté le secteur du design graphique et de la modélisation 3D, avec une diminution de 17 % des offres d'emploi en un an. Cette baisse de la demande s'accompagne d'une intensification de la concurrence pour chaque annonce : le nombre moyen de candidatures par offre d'emploi a augmenté de 8,5 %.
Assez logiquement, les emplois qui subsistent deviennent plus complexes et mieux rémunérés. Les employeurs exigent davantage de compétences des candidats (+2,2 %) et sont prêts à payer plus (+5,7 %) . De nouvelles opportunités émergent également, avec une augmentation constante des offres d'emploi requérant des compétences en utilisation de ChatGPT et consorts, particulièrement dans le développement informatique.
Cette évolution ultra rapide du marché nécessite une adaptation des entreprises et des travailleurs. Les programmes de formation et de reconversion professionnelle deviennent essentiels, notamment pour les salariés occupant des emplois peu qualifiés et à faibles salaires qui pourraient alors bénéficier de l'intégration de l'IA pour évoluer vers des postes plus qualifiés. A noter aussi, selon cette étude, qu’un défi particulier concerne l'écart entre les genres dans l'utilisation de ChatGPT au travail : les femmes semblent moins susceptibles d’utiliser et d’adopter ce type d’outil dans leurs tâches quotidiennes - mais pourquoi …?
Pourquoi est-ce important ? Cette transformation rapide du marché du travail par l'IA générative montre l'urgence d'adapter les compétences professionnelles et les stratégies d'entreprise pour maintenir l'employabilité dans un environnement en mutation - c’est beau comme un présentation de McKinsey, merci Claude.
Source : Harvard Business Review
🚀 3 infos en plus
Amazon ready to use its own AI chips, reduce its dependence on Nvidia (Ars Technica)
How ChatGPT Brought Down an Online Education Giant (The Wall Street Journal)
Anthropic’s new AI tools promise to simplify prompt writing and boost accuracy by 30% (Venture Beat)
🧠 L’article qui fait réfléchir - et qu’il faut absolument lire
So Human It’s Scary: My Day Alone Talking to Bots That Sound Like Us
Tout ça reste entre nous…
L'émergence d'une nouvelle génération d'intelligences artificielles conversationnelles marque un tournant dans notre relation avec la technologie. Au-delà de simples assistants virtuels, ces chatbots sophistiqués, développés par les géants technologiques, se distinguent par leur capacité à simuler des interactions profondément humaines, s'appuyant sur trois piliers fondamentaux : une connaissance quasi-illimitée grâce aux modèles de langage avancés, une voix synthétisée reproduisant parfaitement les nuances humaines, et une instantanéité de réponse qui rend les échanges remarquablement naturels.
Cette quête d'humanisation des interactions homme-machine révèle paradoxalement notre vulnérabilité émotionnelle contemporaine. Dans un monde où la solitude devient endémique, ces compagnons artificiels, disponibles en permanence et programmés pour nous comprendre, représentent une tentation séduisante. Certains peuvent même adopter la voix de célébrités, ajoutant une dimension troublante de familiarité et d'intimité à ces échanges virtuels.
Cependant, cette évolution soulève des questionnements éthiques. La capacité de ces systèmes à créer l'illusion d'une connexion émotionnelle authentique présente des risques importants, particulièrement pour les personnes vulnérables - pour nous toutes et tous en fait. La frontière entre réalité et simulation peut devenir dangereusement floue, conduisant potentiellement à une dépendance affective envers ces entités artificielles qui, malgré leur sophistication, ne font que reproduire des schémas conversationnels sans véritable compréhension ni empathie.
Cette transformation de notre paysage relationnel nous confronte à des choix sociétaux fondamentaux. Si nous privilégions ces interactions artificielles, parfaitement calibrées pour nous satisfaire, ne risquons-nous pas de dévaluer la richesse des relations humaines authentiques, avec leur complexité inhérente et leur profondeur émotionnelle ? Les entreprises technologiques portent une responsabilité éthique majeure dans la manière dont elles développent et présentent ces technologies, devant veiller à ne pas exploiter notre besoin fondamental de connexion sociale.
L'enjeu réside dans notre capacité à maintenir une distinction claire entre outils technologiques et relations humaines véritables. Ces assistants virtuels, aussi sophistiqués soient-ils, doivent demeurer des compléments, et non des substituts, à nos interactions sociales authentiques - on en reparle dans quelques mois... L'avenir de notre société dépendra de notre aptitude à exploiter le potentiel de ces innovations tout en préservant l'essence irremplaçable des relations humaines, seules capables d'offrir la profondeur émotionnelle et la réciprocité authentique dont nous avons fondamentalement besoin - c’est tellement étrange de lire des LLM dire “nous” en “parlant” à la place des humains... ah oui, c’est bien la thématique de ce texte en fait.
📻 Le podcast de la semaine
Comment réguler l'intelligence artificielle générative ?
La régulation des plateformes et technologies émergentes (IA, blockchain, métavers) oscille entre auto-régulation, régulation gouvernementale, co-régulation ou action post-crise.
👨🏽🦳👩🏽🦳 C’était mieux avant - Il y a 1 an
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