Science sans conscience
Like a pinch on the neck of Mr. Spock
Bienvenue sur IA Pulse Weekend. En vous abonnant, vous recevez tous les samedis matin, l’essentiel de ce qu’il s’est passé cette semaine autour de l’IA : une sélection de 3 articles avec pour chacun un résumé rapide à lire, plus 1 article de fond pour ouvrir l’esprit et réfléchir, et pour finir 1 podcast à écouter.
⏱️Temps de lecture de cette newsletter par une unité carbone : 7 mins
“Battez-vous pour vos droits !” C’est un peu ce qu’on entend en ce moment chez les créateurs, artistes, journalistes, éditeurs et leurs représentants. La grève historique des scénaristes aux Etats-Unis s’est terminée avec un accord qui encadre l’utilisation de l’IA générative dans l’industrie de l'Entertainment - avec en jeu des milliards de dollars.
En France, et c’est Mind Média qui nous le rapporte hier en fin de journée, un phénomène très rare se produit : tous les acteurs de l’industrie des contenus, de la presse et de la culture sont unis pour parler d’une seule voix au gouvernement. Leur message : protéger leurs droits d’auteur et leurs droits voisins face aux outils d’IA générative. Ils demandent au gouvernement de revoir sa position sur l’IA Act européen afin de mieux les défendre. Les signataires demandent, entre autres, à ce que la transparence soit imposée sur les données d’entrainement des modèles génératifs. “Vas-y Sam, sors-nous la recette magique de ChatGPT !”
Et même si certains grincheux des réseaux sociaux (re-)nés sous X, nous disent depuis un certain temps que le droit et les règles actuelles suffisent à encadrer les pratiques de l’IA générative, il semble que pour la majorité des acteurs il n’en est rien. Le Droit doit être adapté. C’est le thème de l’article qui fait réfléchir, en seconde partie de cette newsletter.
Mais l’actualité de cette semaine ne se résume pas uniquement à cette bataille. Nous avons surtout eu le droit à trois grosses sorties. OpenAI a mis à jour l’application ChatGPT : elle est maintenant multimodale. Oui vous pouvez utiliser images et sons pour interagir avec votre chatbot préféré. Vous y pensiez il y a 1 an ?
En France, notre nouveau champion de l’IA, Mistral AI, vient de lancer son premier modèle basé sur Llama 2. Mistral en fait un modèle open source à 13 milliards de paramètres.
Et pour finir, Zuck et Meta nous envoient leurs nouveaux chatbots qui seront des copies (presque) conformes de vos célébrités préférées. Parmi celles-ci, on commence par Snoop Dogg, qui j’en suis certain nous donnera ses conseils avisés pour bien entretenir nos plantations.
📰 Les 3 infos de la semaine
📸ChatGPT update will give it a voice and allow users to interact using images
The Guardian/Reuters, 25/09/2023
La dernière mise à jour de l’application ChatGPT introduit des fonctionnalités vocales et d'interaction par images. Depuis son lancement, ChatGPT a été largement adopté pour des tâches variées, de la rédaction de code à la synthèse de documents. Cette mise à jour survient dans un contexte où d'autres géants technologiques, comme Google et Amazon, intensifient leurs investissements dans l'IA générative. Google prépare le lancement de son propre chatbot, Gemini, et Amazon investit jusqu'à 4 milliards de dollars dans la startup Anthropic.
La nouvelle fonction vocale de ChatGPT est polyvalente : elle peut narrer des histoires ou lire à haute voix des textes saisis par les utilisateurs par exemple. De plus, la capacité d'interaction par images permet aux utilisateurs de prendre des photos et de poser des questions au chatbot pour des tâches spécifiques, comme la résolution de problèmes pratiques ou l'analyse de données visuelles. Ces fonctionnalités seront déployées pour les abonnés des plans Plus et Entreprise de ChatGPT dans les deux prochaines semaines.
⛵Europe’s largest seeded startup Mistral AI releases first model, outperforming Llama 2 13B
Venture Beat, 27/09/2023
Mistral AI, une startup française, a lancé son premier grand modèle de langage, nommé Mistral 7B. Avec 7,3 milliards de paramètres, ce modèle surpasse des modèles plus grands comme le Llama 2 13B de Meta en termes de performances selon ses concepteurs. Il est particulièrement efficace dans des tâches variées, allant de la compréhension du langage à la programmation. Ce modèle est également open-source sous la licence Apache 2.0, ce qui permet une utilisation flexible et sans restriction, notamment dans des contextes d'entreprise.
Techniquement Mistral 7B se distingue par sa faible latence et son efficacité en termes de coût et de mémoire, ce qui le rend particulièrement attractif pour les applications d'entreprise. De plus, il utilise des techniques d'attention avancées pour améliorer l'inférence. La société prévoit de développer un modèle plus grand et multilingue d'ici 2024. Ce lancement pourrait avoir un impact significatif sur le déploiement de l'IA en entreprise, offrant à la fois des performances élevées et une plus grande rentabilité.
🕺🏽Meta Launches AI Chatbots for Snoop Dogg, MrBeast, Tom Brady, Kendall Jenner, Charli D’Amelio and More
Variety, 27/09/2023
Meta a annoncé le prochain lancement de chatbots IA incarnant des célébrités et des influenceurs, avec des profils sur Instagram et Facebook. Parmi les personnalités figurent Snoop Dogg, MrBeast, Kendall Jenner et Tom Brady. Le PDG de Meta, Mark Zuckerberg, a déclaré que ces chatbots ne se contenteraient pas de répondre à des questions, mais serviraient également de plateformes de divertissement. Actuellement, les chatbots communiquent uniquement par texte, mais une fonction vocale est prévue pour l'année prochaine.
En plus de ces chatbots de célébrités, Meta a également introduit un assistant conversationnel avancé, disponible sur WhatsApp, Messenger et Instagram. Cet assistant peut fournir des informations en temps réel grâce à un partenariat avec Bing de Microsoft et est capable de générer des images photoréalistes à partir de textes d'invite. Ces chatbots utilisent Llama 2, le LLM le plus performant de Meta. Ils seront bientôt lancés en version bêta aux États-Unis et de nouveaux personnages seront ajoutés dans les semaines à venir.
🧠 L’article qui fait réfléchir - et qu’il faut absolument lire
What does authorship even mean in the age of AI?
(You Gotta) Fight for Your Right (To Party!)
Dans le paysage en constante évolution de l'intelligence artificielle, les notions traditionnelles de droit d’auteur et de paternité sur une œuvre sont mises à rude épreuve.
Prenons l'exemple de Jason Allen, un artiste qui a remporté un prix pour une œuvre générée par IA. Bien que conforme aux règles du concours - puisqu’il l’a gagné c’est assez logique, lorsqu’il a voulu déposer son œuvre pour la protéger, elle a été refusée par l'US Copyright Office pour des raisons de "créativité humaine insuffisante". Ce cas n'est absolument pas isolé et soulève des questions cruciales sur la propriété intellectuelle à l'ère de l'IA.
Le dilemme s'étend également à la musique. Des artistes comme Grimes voient dans l'IA un outil créatif révolutionnaire, tandis que d'autres, comme Drake, s'y opposent fermement. La question est bien plus complexe qu’un simple choix binaire, car l'IA et le Machine Learning font partie intégrante du processus créatif de nombreux artistes et cela depuis des années.
Dans le domaine littéraire, les écrivains George RR Martin et Jonathan Franzen ont lancé des actions en justice contre OpenAI. Ils accusent la société d'avoir utilisé leurs œuvres protégées par le droit d'auteur pour entraîner ses modèles d'IA, ce qui soulève des questions éthiques et légales.
D’ailleurs cette semaine, c’est Google qui permet aux éditeurs de sites web de bloquer l’accès à leurs contenus s’il ne désirent pas que ceux-ci servent pour entrainer Bard. OpenAI avait déjà mis en place cette option dans le courant du mois d’août.
Actuellement l'IA générative remet en question les fondements mêmes de la créativité et de la paternité d’une création. Les lois actuelles sur le droit d'auteur, conçues pour une époque pré-IA, semblent de plus en plus inadéquates - ou alors elles sont très mal comprises et appliquées, c’est une probabilité non nulle qu’il faut bien prendre en compte. L’humain est toujours étonnant.
À mesure que l'IA générative continue de s'améliorer, nous devons nous interroger sur la manière d'attribuer une place aux machines dans le domaine de la création artistique - et de la création tout court. Ces questions complexes nécessitent une réflexion approfondie, et pas juste une débat de juristes qui s’enflamment dans les prétoires, enfin surtout par mémos interposés. Nos cadres juridiques doivent être repensés et nous devrions établir des règles éthiques qui soient comprises par toutes et tous.
📻 Le podcast de la semaine
Comptoir IA : Laodis Menard, Argil.ai
Dans cet épisode de Comptoir IA, Laodis Menard, cofondateur d'Argil, aborde la dualité de l'IA, à la fois comme outil entrepreneurial et comme sujet de réflexion prospective. Laodis préconise des experts virtuels spécialisés pour les entreprises et voit un potentiel sous-estimé dans GPT-4. Il souligne l'impact disruptif de l'IA sur les métiers et appelle à une réflexion sur notre rôle professionnel.
Optimiste sur le pouvoir de l'IA à résoudre des problèmes majeurs comme le changement climatique, il met en revanche en garde contre les implications sociétales et prédit une supériorité de l'IA d'ici 2030.
N’hésitez à me contacter si vous avez des remarques et suggestions sur cette newsletter, ou si dans votre entreprise vous cherchez à être accompagnés dans l’intégration d’outils IA et d’IA générative : olivier@255hex.ai
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