Bienvenue sur IA-Pulse Weekend. Cette édition porte le numéro 108. En vous abonnant, vous recevez tous les samedis matin, l’essentiel de ce qu’il s’est passé cette semaine autour de l’IA : un coup de gueule édito, une sélection de 3 actualités avec pour chacune un résumé rapide à lire, plus 1 article de fond pour ouvrir l’esprit et réfléchir et 1 podcast à écouter. Gérez votre abonnement.
⏱️Temps de lecture de cette newsletter par une unité carbone : 9 mins
Qui a dit cette semaine : “Je ne vois pas comment notre propriété intellectuelle aurait une quelconque valeur si nous devions la partager à un coût marginal” ? Un éditeur ? Un patron de presse ? Un représentant des artistes et des auteurs ? Un dirigeant de maison de disques ? Non. Cela se passait cette semaine aux États-Unis à la barre du tribunal où se déroule le procès antitrust contre Google. Et celui qui a prononcé cette phrase c’est Sundar Pichai, le grand patron du géant.
Cette phrase peut prêter à sourire. Comment, les yeux dans les yeux, le patron d’une entreprise qui fonde en grande partie son développement sur l’utilisation à bas coût, ou même à coût nul, de la production intellectuelle des autres, peut-il droit dans ses bottes prononcer sérieusement cette phrase en guise de défense ? Et pourtant, c’est bien là le cœur du problème. Nos amis géants du numérique, et de l’IA générative en particulier installés dans la Valley, ont tous cette vision. Sans exception. Certains avec plus de roublardise - coucou Sam, et d’autres comme depuis toujours sans la moindre gêne - coucou Mark. On pourrait résumer ça par : ce qui est à vous est à nous, et ce qui est à nous reste à nous. “Information wants to be free”, mais pas vraiment pour tout le monde.
Bien sûr, tout ceci n’est absolument pas nouveau. Mais ces dernières années, l’entrainement des modèles génératifs a prouvé aux yeux de tous qu’une partie conséquente du modèle économique de ces géants est fondé sur le pillage généralisé du travail intellectuel d’autrui. L’autre procès actuel, celui de Meta, en donne un éclairage saisissant.
Cette semaine la partie de cette newsletter gérée par l’IA, les 3 clusters d’articles, a été générée par Gemini 2.5 Flash Preview 04-17 pour les résumés des articles sources, ainsi que la génération des clusters et des titres. Comme d’habitude j’ai fait quelques modifications, mais j’ai aussi laissé quelques tournures typiques des modèles de langage. Et bien entendu, mes commentaires éventuels sont en italique dans ces résumés. Le texte de “l’article qui fait réfléchir” est issu de OpenAI o3 .
L’image d’illustration ci-dessous est générée par Midjourney.
📰 Les 3 infos de la semaine
📢 Le shopping arrive dans ChatGPT, sans publicités… pour le moment
OpenAI enrichit son outil de recherche web intégré à ChatGPT en y ajoutant des fonctionnalités dédiées à l'achat en ligne. Désormais, lorsque les utilisateurs recherchent des produits, le chatbot peut suggérer des recommandations, présenter des images, afficher des avis et fournir des liens directs vers les pages marchandes pour finaliser l'achat.
Cette mise à jour est déployée pour les utilisateurs de GPT-4o - le modèle par défaut de ChatGPT, qu'ils soient abonnés Pro, Plus, gratuits ou même non connectés, et ce à l'échelle mondiale. Les catégories initiales incluent la mode, la beauté, les articles pour la maison et l'électronique. L'expérience se veut personnalisée et conversationnelle, permettant des requêtes en langage naturel très spécifiques. Les résultats sont basés sur des métadonnées structurées - prix, descriptions, avis - provenant de tiers.
Pour l'instant, OpenAI précise que ces résultats ne sont pas des publicités et que l'entreprise ne perçoit pas de commission sur les achats. L'objectif est de concurrencer Google en offrant une expérience de recherche de produits améliorée. Dans un futur proche, l'intégration de la fonction "Mémoire" de ChatGPT pour les utilisateurs Pro et Plus permettra d'affiner les recommandations en fonction des conversations antérieures - sauf dans certains pays européens au moins au début.
Pourquoi est-ce important ? Les outils de recherche en langage naturel vont d’une manière ou d’une autre prendre le pas sur notre bon vieux search à mots clés. Plus encore, OpenAI semble bien vouloir continuer de construire l’interface de l’accès global à tout. Oui, à tout. Il est loin le temps où ChatGPT n’était qu’une interface d’interrogation d’un LLM.
Sources : TechCrunch, Search Engine Roundtable, Wired
📺 Un onglet dédié au Mode AI apparaît dans Google Search - aux États-Unis
Google développe la recherche assistée par IA en élargissant l'accès à son Mode AI. Cette fonctionnalité expérimentale, lancée en mars pour rivaliser avec des services comme Perplexity et ChatGPT Search, permet aux utilisateurs de poser des questions complexes en plusieurs parties et de poursuivre la conversation pour approfondir un sujet, directement dans Google Search. La liste d'attente pour accéder au Mode AI est supprimée.
Google commence à tester l'intégration d'un onglet dédié au Mode AI directement dans l'interface principale de Google Search pour un petit pourcentage d'utilisateurs aux États-Unis, le positionnant à gauche des onglets traditionnels comme "Tout", "Images" ou "Shopping". Cela diffère des "AI Overviews" qui sont des résumés intégrés aux résultats standards. Le Mode AI est conçu pour mieux exploiter les données web et en temps réel. De nouvelles fonctionnalités sont ajoutées, notamment la possibilité de reprendre des conversations antérieures grâce à un panneau latéral sur desktop, et l'apparition de cartes visuelles et cliquables pour les lieux (restaurants, salons) et les produits. Ces cartes fournissent des détails rapides comme les notes, avis, horaires d'ouverture, prix en temps réel, images ou l'inventaire local, facilitant des recherches complexes comme trouver un magasin de meubles vintage ou une chaise de camping spécifique.
Pourquoi est-ce important ? Google montre sa volonté d'intégrer profondément l'IA générative dans son moteur de recherche principal, offrant une alternative conversationnelle aux résultats de search traditionnels, et attaquant directement les nouveaux entrants sur ce segment : coucou Perplexity.
Sources : TechCrunch, The Verge
🧑🔬 Google explore la publicité dans les chatbots IA
Restons chez Google, dont le modèle économique repose largement sur les publicités dans les résultats de recherche - plus de 50 milliards de dollars par trimestre. Le géant de la recherche anticipe - à raison - un éventuel déplacement des utilisateurs vers les chatbots IA pour trouver de l'information. L'entreprise teste discrètement l'adaptation de son système publicitaire AdSense aux expériences conversationnelles.
Ces tests ne se déroulent pas encore dans les propres outils IA de Google comme Gemini ou le Mode AI, mais auprès d'une sélection de startups tierces utilisant l'IA, comme les applications de recherche IA iAsk et Liner. Google a récemment ouvert la possibilité à davantage de créateurs de chatbots de s'inscrire à "AdSense pour la Recherche" afin d'afficher des annonces pertinentes dans leurs interfaces conversationnelles. L'objectif est clair : maintenir les profits si les utilisateurs délaissent la recherche traditionnelle.
L'exécution de modèles d'IA générative est extrêmement coûteuse, représentant des milliards de dollars par an pour les acteurs majeurs, et aucun n'a encore trouvé un modèle économique rentable pour les services grand public. L'intégration de publicités pourrait aider à compenser ces coûts.
Pourquoi est-ce important ? Google n’est absolument pas largué sur le sujet. Loin de là, même si OpenAI prend toute la lumière, l’intégration de l’IA générative est partout dans tous les produits du géant du search.
Sources : Ars Technica, Bloomberg
🚀 5 infos en plus
Meta’s ChatGPT competitor shows how your friends use AI (The Verge)
I Recorded Everything I Said for Three Months. AI Has Replaced My Memory (WSJ)
Hidden costs in AI deployment: Why Claude models may be 20-30% more expensive than GPT in enterprise settings (VentureBeat)
Anthropic lets users connect more apps to Claude (TechCrunch)
Amazon Takes Aim at Cursor With New AI Coding Service (The Information)
🛠️ Des outils et des modèles à tester
Rime.ai : génération de voix expressives
Qwen3 le nouveau grand reasoning modèle d’Alibaba et Qwen2.5-Omni le multimodal capable d’inférer sur un PC ou un laptop
Microsoft Phi-4-Reasoning-Plus, un petit modèle de raisonnement en open-weight
🧠 L’article qui fait réfléchir - et qu’il faut absolument lire
The Great Language Flattening
”Taking you as low as you go”
Les algorithmes de génération de textes se sont glissés, presque sans bruit, dans nos échanges quotidiens ; courriels, rapports et avis en ligne défilent désormais produits ou retouchés à grande vitesse. Cette aisance technique bouleverse un équilibre ancien : rédiger cent lignes ne coûte guère plus d’énergie que d’en écrire dix, si bien que la concision perd son statut de vertu cardinale. Le flot verbal s’épaissit, tandis que le lecteur délègue le tri à d’autres automates chargés de résumer. Nous entrons dans une ère où la quantité n’est plus freinée par le temps.
Au-delà du volume, c’est la texture même de la langue qui se modifie. Les suggestions omniprésentes modèlent la phrase « correcte », lissage syntaxique qui efface aspérités régionales, détours intimes et audaces lexicales. Lorsque des millions de plumes acceptent ces recommandations, le discours converge vers une moyenne polie, impeccable mais interchangeable. Pourtant, toute standardisation nourrit son propre antidote : certains revendiquent déjà l’inhomogène, cultivent fautes volontaires, ellipses, ruptures rythmiques, afin de signaler la main humaine. Le style personnel devient manifeste esthétique, presque un sceau d’authenticité.
Une question encore plus ample se dessine. Les modèles apprennent à partir de textes humains, mais ces textes proviennent désormais en partie de leurs propres calculs ; la boucle se referme. Se pourrait-il qu’émerge une branche linguistique spécifiquement algorithmique, évoluant selon des critères internes plutôt que par la négociation sociale ? Demain, la conversation pourrait se partager entre un parler organique, riche d’accidents vivants, et un dialecte optimisé, organisé pour la performance statistique. Dans cet entrelacs, la créativité humaine aura l’occasion d’inventer des passerelles, de métisser les registres ou, pourquoi pas, de préserver des enclaves purement artisanales où l’imprévu restera roi. Reste à définir quelle part d’identité linguistique nous céderons, et comment l’école, les médias puis la création littéraire orienteront cette mutation partagée future.
📻 Le podcast de la semaine
Comptoir IA : Nicolas Granatino
Nicolas Granatino revient dans Comptoir IA sur ses investissements dans Mistral et Kyutai, décrypte l’impact du papier LLaMA, défend l’open source pour rattraper les USA, plaide pour une infrastructure IA européenne, explore les liens entre biologie et IA, et nous parle de l’Inde.
N’hésitez à me contacter si vous avez des remarques et suggestions sur cette newsletter, ou si dans votre entreprise vous cherchez à être accompagnés dans l’intégration d’outils IA et d’IA générative : olivier@255hex.ai
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Your kiss, your fist
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The extent of my sin” Trent Reznor
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