La peau dure
La vie n'est pas un problème à résoudre mais une réalité dont il faut faire l'expérience
Bienvenue sur IA-Pulse Weekend. Cette édition porte le numéro 112. En vous abonnant, vous recevez tous les samedis matin, l’essentiel de ce qu’il s’est passé cette semaine autour de l’IA : un coup de gueule édito, une sélection de 3 actualités avec pour chacune un résumé rapide à lire, plus 1 article de fond pour ouvrir l’esprit et réfléchir et 1 podcast à écouter. Gérez votre abonnement.
⏱️Temps de lecture de cette newsletter par une unité carbone : 9 mins
Meta AI, l’assistant IA au milliard d’utilisateurs, est arrivé chez nous il y a quelques semaines seulement. Comme les AI Overviews de Google - toujours pas disponibles officiellement en France, mais nos cousins belges peuvent déjà en faire l’expérience - et l’intégration de Gemini dans pratiquement tous les produits grand public de Google - regardez bien votre Gmail ou vos Google Sheets - ils incarnent ces intelligences intégrées, presque invisibles, profondément ancrées dans nos produits et dans nos routines. Nous percevons mal leur omniprésence globale, comme si notre réalité était un peu décalée, un peu ailleurs. Ou comme si nous détournions le regard, heureux d’entretenir ce décalage.
Mais, l’essentiel n’est pas de résoudre ce léger décalage, de chercher à tout saisir immédiatement. Nos échanges avec ces IA, comme les échanges dans nos vies, ne sont pas des problèmes à régler, des questions à épuiser. Pour leurs concepteurs, ce sont des expériences à vivre, des moments de vie dans leur fluidité, leur inconfort parfois, leurs inattendus souvent. L’enjeu n’est pas de figer ces interactions, mais de cultiver une vigilance partagée, une attention commune qui permet à la relation de tenir, de manière simple.
Le fait est que ce qu’on nomme IA n’est plus de l’IA : elle est rentrée dans nos vies. Et peut-être que c’est ça, au fond, la bascule. On a longtemps cru qu’il fallait résoudre le problème de l’interface, de la confiance, de la relation, de la connexion, de l’interaction. Mais l’usage est déjà là depuis un bout de temps, dans les gestes quotidiens, les voix, les échanges vécus, les bulles de suggestion, les messages envoyés, les réponses reçues.
En IA comme ailleurs, le réel résiste toujours un peu à nos projets. Il a la peau dure, mais une peau sensible au moindre frémissement. Et c’est exactement ce qui fait son intérêt.
Cette semaine la partie de cette newsletter gérée par l’IA, les 3 clusters d’articles, a été générée par Gemini 2.5 Flash Preview 05-20 Thinking pour les résumés des articles sources, ainsi que la génération des clusters et des titres. Comme d’habitude j’ai fait quelques modifications, mais j’ai aussi laissé quelques tournures typiques des modèles de langage. Et bien entendu, mes commentaires éventuels sont en italique dans ces résumés. Le texte de “l’article qui fait réfléchir” est issu de GPT-4.1 finetuné .
L’image d’illustration ci-dessous est générée par Midjourney.
📰 Les 3 infos de la semaine
🗣️ Anthropic dote Claude d'un mode vocal enrichi
Anthropic a lancé cette semaine une nouvelle fonctionnalité de mode vocal en version bêta pour Claude dans version application mobile sur iOS et Android. Cette nouveauté permet aux utilisateurs d'avoir des conversations entièrement parlées avec Claude, offrant une expérience plus naturelle et intuitive, similaire à celles proposées par d'autres acteurs du marché comme OpenAI, Google ou xAI. Le mode vocal sera déployé en anglais au cours des prochaines semaines et s'appuiera par défaut sur le modèle Claude Sonnet 4. Cette fonctionnalité, qui transforme l'interaction avec le chatbot, affiche les points clés à l'écran pendant que Claude répond et génère des transcriptions et des résumés des conversations.
Le mode voix de Claude permet aux abonnés payants (Claude Pro et Claude Max) d'accéder à leurs calendriers, e-mails Gmail et documents Google Docs via des commandes vocales pour résumer des informations. Bien que le mode vocal soit accessible à tous les utilisateurs, les intégrations spécifiques à Google Workspace sont donc réservées aux clients payants, les abonnés Enterprise bénéficiant même de l'intégration complète avec Google Docs.
Anthropic propose cinq options de voix distinctes et la capacité de passer sans problème du texte à la voix tout en conservant le contexte de la conversation. En parallèle, Anthropic a élargi l'accès à la recherche web à tous les utilisateurs, y compris ceux du plan gratuit, permettant à Claude de puiser dans des données Internet en temps réel pour des réponses actualisées - et de se mettre à hauteur de ses concurrents.
Pourquoi est-ce important ? Les interactions vocales avec les interfaces conversationnelles sont de plus en plus utilisées. Elles correspondent à un mode d’utilisation simple et totalement intuitif. Les LLM derrières ces interfaces ont enfin rendus possibles de véritables échanges humain-machine. Pour le meilleur, comme pour le pire.
Sources : VentureBeat, TechCrunch
💰 OpenAI pourrait se tourner vers la publicité pour augmenter ses revenus
OpenAI se dirige potentiellement vers un modèle économique basé sur la publicité pour financer ses ambitions. Actuellement l’entreprise ne s'attend pas à être rentable avant 2029 et prévoit d'accumuler 44 milliards de dollars de pertes. Cette situation pousse OpenAI à envisager la publicité comme un moyen pour soutenir le coût de l'expansion de ses technologies d'IA et de son projet de dispositif compagnon IA. L'écosystème d'OpenAI, avec ChatGPT, le GPT Store et potentiellement ce nouveau périphérique, génère un engagement utilisateur et des données comportementales riches, des atouts recherchés par les annonceurs - ah ouais… dingue ça.
Le recrutement de Fidji Simo, ancienne architecte de la monétisation chez Meta, au poste de PDG des applications, est un signe fort de cette orientation. Bien que seulement 4 % des 500 millions d'utilisateurs hebdomadaires de ChatGPT soient des abonnés payants, les 96 % restants représentent une forte audience potentielle pour la publicité.
Les observateurs du secteur estiment que la monétisation par la publicité est une étape inévitable pour toute plateforme grand public, à l'image de Netflix ou Disney+, qui ont adopté ce modèle après avoir acquis une masse critique d'utilisateurs. Cependant, l'intégration de la publicité dans les IA génératives soulève des questions concernant la confiance des utilisateurs et la transparence, l'objectif étant de rendre la publicité "additive" à l'expérience plutôt que disruptive - qu'en termes élégants , ces choses-là sont dites !
Pourquoi est-ce important ? On n’a pas mieux fait que la pub comme modèle de revenus depuis l’essor des médias de masse. Vous pensez que nos amis de la Valley l’avaient oublié ?
Sources : Digiday, Big Technology
🗺️ Meta AI atteint le milliard d'utilisateurs sur fond de réorganisation interne
Meta a annoncé une restructuration assez important de ses équipes d'intelligence artificielle afin d'accélérer le développement et le déploiement de nouveaux produits et fonctionnalités. Cette réorganisation survient dans un contexte de forte concurrence face à des rivaux comme OpenAI, Google et ByteDance. Le groupe dédié à l’IA générative de l'entreprise est désormais divisé en deux entités distinctes : une équipe de produits IA, dirigée par Connor Hayes, et une unité AGI Foundations, co-dirigée par Ahmad Al-Dahle et Amir Frenkel. L'équipe des produits IA est responsable de l'assistant Meta AI et de son intégration dans les applications phares de Meta, tandis que l'unité AGI Foundations se concentre sur les modèles Llama et les capacités fondamentales en matière de raisonnement, de multimédia et de voix.
Cette stratégie vise à surmonter les problèmes rencontrés ces derniers mois, notamment des performances jugées insuffisantes face à certains concurrents et des difficultés dans le développement de Llama 4. La réorganisation devrait permettre une meilleure autonomie des équipes et une accélération des progrès.
Meta a aussi annoncé avoir franchi un cap majeur : l'assistant Meta AI a atteint le milliard d'utilisateurs actifs mensuels sur l'ensemble de ses applications. Mark Zuckerberg a souligné que l'objectif principal pour cette année est d'approfondir l'expérience utilisateur et de positionner Meta AI comme l'IA personnelle de référence, en mettant l'accent sur la personnalisation, les conversations vocales et le divertissement.
Pourquoi est-ce important ? Même syndrome que pour AI Overviews de Google, on oublie trop souvent dans notre beau pays la place prise par l’assistant Meta AI dans le monde, car il vient d’arriver chez nous seulement depuis quelques semaines. Ces deux géants sont de loin les entreprises qui dominent le marché de l’IA conversationnelle dans les usages quotidiens “cachés” : tout est déjà intégré dans leurs différents produits, que nous utilisons quotidiennement.
Sources : Axios, The Information, CNBC
🚀 5 infos en plus
OpenAI wants ChatGPT to be a ‘super assistant’ for every part of your life (The Verge)
Perplexity’s new tool can generate spreadsheets, dashboards, and more (TechCrunch)
ElevenLabs debuts Conversational AI 2.0 voice assistants that understand when to pause, speak, and take turns talking (VentureBeat)
For Some Recent Graduates, the A.I. Job Apocalypse May Already Be Here (NYT)
It’s too expensive to fight every AI copyright battle, Getty CEO says (Ars Technica)
🛠️ Des outils, des tutos et des modèles à tester
Claude 4 et son prompt system, et pour avoir quelques explications c’est par ici ou par là.
🧠 L’article qui fait réfléchir - et qu’il faut absolument lire
The AI Experience Is Going From ‘50 First Dates’ to ‘Cheers’
”J’ai si peur d’avoir mal, mais je ne veux pas que tout cela s’arrête”
Les intelligences artificielles entrent progressivement dans une nouvelle dimension : celle où le souvenir leur permet de construire une relation suivie avec leurs utilisateurs. En s'appuyant sur une mémoire persistante, elles intègrent désormais progressivement des fragments de notre quotidien, nos mails, rendez-vous ou préférences, pour mieux anticiper nos besoins, parfois même avant que nous en prenions conscience. Cette capacité à agir par anticipation modifie subtilement la nature même de nos échanges avec elles : nous passons d’une interaction ponctuelle à une relation continue, teintée d'une familiarité croissante.
Cette transformation repose sur plusieurs avancées techniques : des modèles plus précis et qui “raisonnent”, capables de mobiliser en temps réel des informations stockées en amont, et des protocoles facilitant leur connexion à d'autres applications. Les usages qui en découlent sont nombreux : un étudiant pourrait ainsi recevoir des exercices adaptés avant même d'avoir envisagé ses révisions ; dans le domaine médical, les dossiers numériques enrichis accompagneraient les médecins en leur rappelant automatiquement le contexte précis d'un patient ; en entreprise, cette mémoire commune préserverait l'expérience collective malgré les changements d'équipes - le rêve, non…?
Mais cette proximité nouvelle soulève une réflexion nécessaire : jusqu’où acceptons-nous qu'une intelligence artificielle pénètre dans notre intimité ? Chaque avantage technique se double d'une vulnérabilité potentielle, avec des risques accrus de sécurité et de confidentialité. C’est précisément ici que l’attention collective doit s'exercer : définir un cadre clair pour ces mémoires artificielles, de sorte qu’elles prolongent nos capacités sans empiéter sur notre liberté. L’équilibre délicat entre efficacité et autonomie reste au cœur des débats à venir.
📻 Le podcast la semaine
Parlez-moi d’IA - Petite histoire de la création graphique par IA générative avec Caroline Thireau
Au micro de Jean-Philippe Clément, Caroline Thireau retrace l’essor de la création graphique par IA, explorant pionniers, enjeux créatifs, usages en communication, transparence d’usage et impact écologique des outils génératifs.
N’hésitez à me contacter si vous avez des remarques et suggestions sur cette newsletter, ou si dans votre entreprise vous cherchez à être accompagnés dans l’intégration d’outils IA et d’IA générative : olivier@255hex.ai
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“You can replace the word hallucination maybe by imagination at that point. They're obviously two sides of the of the same coin.” Demis Hassabis
Bon weekend.