Bienvenue sur IA Pulse Weekend. En vous abonnant, vous recevez tous les samedis matin, l’essentiel de ce qu’il s’est passé cette semaine autour de l’IA : une sélection de 3 articles avec pour chacun un résumé rapide à lire, plus 1 article de fond pour ouvrir l’esprit et réfléchir, et pour finir 1 podcast à écouter.
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Vous avez remarqué que souvent le vendredi c’est le jour choisi par certains pour communiquer d’importantes nouvelles. Hier c’était Google, qui pour la énième fois nous parle de Gemini, son super chatbot multimodal concurrent direct de ChatGPT et GPT-4, et surtout un chatbot qui nous veut du bien. Hey Google (non pas toi l’enceinte, je ne t’ai pas parlé ! Fais un effort pour prendre en compte le contexte !), concurrencer ChatGPT ce n’était déjà pas l’objectif de Bard ? Sinon l’information hyper-super-méga importante : Gemini va bientôt sortir. Non, c’est vrai ?
En attendant, nos amis chatbots/copilots/compagnons s’intègrent de plus en plus dans nos vies personnelles et professionnelles. Salesforces vient de lancer "Einstein Copilot" (note à moi-même : ne pas faire de remarque sur le nom choisi) un assistant sous forme de chatbot dopé au modèle de langage. Il permet aux utilisateurs non seulement de générer des contenus, des emails par exemple, mais aussi d’être accompagnés tout le long de l’utilisation du logiciel.
À peu près au même moment, après 6 mois de tests Adobe intègre Firefly dans toute sa suite et pour tous ses utilisateurs. Firefly c’est la possibilité d’utiliser l’IA générative directement dans Photoshop ou Illustrator. Magique. Une annonce un peu éclipsée par HeyGen et sa hype bien diffusée sur les réseaux. Et pourtant, lequel des deux va avoir immédiatement le plus d’impact dans les métiers créatifs ?
Et puis, on a assisté — de loin — cette semaine à une grande pièce de théâtre, sans public : tous les patrons importants de la Valley et qui comptent dans l’IA sont venus devant quelques sénateurs américains pour se partager le gâteau redire combien ils étaient responsables et conscients du pouvoir qu’ils ont. Même Elon. Que c’est beau.
Et comme je ne voudrais pas vous laisser comme ça, ouvrons ensemble une petite page de réflexion : vous pensez encore que les modèles de langage vous comprennent ? Peut-être le jour où ils arriveront à distinguer un discours sensé d’un discours qui n’a aucun sens. Une spécialité humaine que nos jumeaux numériques ne savent pas encore bien maîtriser. C’est l’objet d’une étude décrite dans l’article qui fait réfléchir.
📰 Les 3 infos de la semaine
🧑🏼🔬Everything we know about Salesforce's AI Einstein Copilot
Quartz, 12/09/2023
Salesforce vient de lancé "Einstein Copilot", un assistant IA conversationnel intégré à son application. Cet assistant permet aux utilisateurs de réaliser diverses tâches dans leur environnement professionnel, allant de la génération de contenus pour des emailings de vente à la gestion des retours produits. L'outil se distingue des chatbots grand public en étant spécifiquement adapté aux besoins des clients de Salesforce. Il offre également des fonctionnalités de personnalisation pour s'aligner sur la "voix" de l'entreprise.
Un défi majeur pour l'adoption de cette technologie est la transition de la démonstration à l'application réelle. Jayesh Govindarajan, vice-président de l'IA et du machine learning chez Salesforce, souligne que les clients se soucient moins de la technologie en arrière-plan que de son utilité pratique. Pour minimiser les erreurs de génération, l'IA de Salesforce est "ancrée" et “alignée” sur des données propriétaires sécurisées.
🖼️Adobe Firefly AI Is Out of Beta in Photoshop and Illustrator
Gizmodo, 13/09/2023
Adobe a officiellement lancé Firefly, sa suite d'outils d'IA générative dédiée à la création, après une période de test bêta de six mois. Intégrée dans plusieurs services d’Adobe Creative Cloud, y compris Photoshop et Illustrator, ce service est également accessible via une application web autonome. Un des points forts de Firefly est sa formation sur des images Adobe Stock et du contenu du domaine public. Cette démarche vise à atténuer les préoccupations liées aux droits d'auteur et à récompenser les contributeurs avec des paiements de royalties.
Firefly se distingue également par sa portée mondiale, offrant la possibilité d’initier des invites textuelles dans plus de 100 langues, ce qui pourrait démocratiser l'accès à l'IA générative. Adobe a aussi introduit des métadonnées dans les images générées, ajoutant une couche de transparence et de traçabilité.
L’éditeur a mis en place un système de "Generative Credits", limitant ainsi le nombre de générations “gratuites”, avec la possibilité d’acheter plus de crédits.
🏦États-Unis: réunion historique des grands patrons de l'intelligence artificielle au Congrès
Le Figaro, 14/09/2023
Une série de réunions à huis clos entre les dirigeants technologiques de premier plan et les sénateurs américains a eu lieu à Washington, D.C., pour discuter de la régulation de l'intelligence artificielle (IA). Organisée par le sénateur Chuck Schumer, la réunion a vu la participation de figures emblématiques comme Elon Musk, Sundar Pichai, Mark Zuckerberg et Sam Altman. Les discussions ont porté sur des sujets variés, allant de la nécessité d'un "arbitre" en IA, comme suggéré par Musk, à l'impact économique potentiel de l'IA, notamment en termes de pertes d'emplois.
Il y a eu un consensus général sur la nécessité d'une régulation gouvernementale, mais les détails et la forme que celle-ci devrait prendre restent t flous. Les participants ont également abordé les risques associés à l'IA, tels que la désinformation et les deepfakes, surtout dans le contexte des élections de 2024. Cependant, la réunion a été critiquée pour son manque de transparence s’étant déroulée à huis clos.
Les politiciens des deux partis ont exprimé leur soutien à une législation de l'IA, bien que la composition exacte de cette législation et un calendrier pour son adoption demeurent incertains. Des préoccupations ont également été soulevées quant à l'influence disproportionnée que ces entreprises pourraient avoir sur la législation, étant donné leur rôle consultatif direct auprès des législateurs.
🧠 L’article qui fait réfléchir - et qu’il faut absolument lire
AI models struggle to identify nonsense, says study
Probably Flavor Flav
Une étude de l'Université Columbia, publiée dans Nature, a évalué la compétence de neuf modèles de langage à distinguer des phrases porteuses de sens de celles qui n’ont aucun sens - et nous autres humains, nous sommes souvent capables de non-sens.
Les chercheurs ont soumis des centaines de paires de phrases aux modèles et ont comparé leurs réponses à celles de 100 participants humains. Les résultats indiquent que même des modèles avancés présentent des "angles morts" et font des erreurs dans la classification des phrases. En gros : impossible pour eux de distinguer le bon sens du non sens. Quelle surprise ! En fait, non pas vraiment.
L'étude met en lumière les limitations inhérentes aux modèles de langage actuels - vous savez ceux utilisés dans nos Chatbots/Copilotes/Compagnons préférés, notamment leur incapacité à toujours comprendre le contexte ou la signification derrière les mots et les phrases. Cette découverte confirmation est particulièrement pertinente - et tellement prévisible - pour les applications de ces modèles dans des domaines sensibles comme le droit et la médecine, où les erreurs peuvent avoir des conséquences lourdes. Les auteurs de l'étude, dont le professeur de psychologie Christopher Baldassano, mettent en garde contre l'utilisation prématurée de ces technologies dans de tels contextes.
Au-delà de ces contextes particuliers, il faut sans cesse rappeler que les modèles actuels ne sont pas faits pour être autonomes, livrés à eux-mêmes, sans supervision humaine.
Un autre point soulevé est le risque d'exploitation des "angles morts" des modèles. Des personnes malveillantes pourraient utiliser ces faiblesses pour manipuler ou tromper les systèmes d'IA. Tal Golan, co-auteur de l'étude, affirme que bien que ces modèles de langage soient une technologie assez prometteuse pour augmenter la productivité humaine, leur utilisation pour remplacer la prise de décision humaine serait prématurée. Et Tal a bien raison de le rappeler…
Les modèles de langage actuels ne sont pas des machines à sens.
Don't believe the hype.
📻 Le podcast de la semaine
IMAGINAIRES : Antonio Casilli
Dans cet épisode, Gérald Holubowicz reçoit Antonio Casilli, professeur de sociologie à Télécom Paris, qui explore le rôle des "petites mains du numérique" dans le développement de l'IA. Il a mené une étude à Madagascar sur les travailleurs locaux employés par des entreprises françaises pour des tâches de collecte et de tri de données. Cette étude fait écho à une enquête de Time Magazine révélant qu'OpenAI emploie des travailleurs kenyans pour des tâches similaires, souvent mal rémunérées.
N’hésitez à me contacter si vous avez des remarques et suggestions : olivier@255hex.ai
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